Les entreprises de travail temporaire doivent relever de nombreux défis pour rester compétitives : recruter sur les métiers en tension, faire face à la concurrence de nouveaux entrants 100% online qui tirent les prix vers le bas, gérer leur digitalisation accélérée par la crise de la Covid-19, etc. Quels sont ces 6 grands challenges que doivent réussir les agences d'intérim de taille intermédiaire ?
Défi 1 : recruter des candidats sur les métiers en tension
Selon le ministère du Travail, le nombre de postes non pourvus faute de candidats est estimé entre 200 000 et 330 000 chaque année en France. Les ETT (Entreprises de Travail Temporaire) sont confrontées, en première ligne, à cette pénurie de main d'œuvre sur de nombreux métiers en tension.
Le premier grand challenge des entreprises de travail temporaire est le recrutement de candidats sur les métiers non attrayants, notamment dans les secteurs du BTP (Bâtiment et Travaux Publics), de la restauration, des services à domicile, de la logistique, etc.
« Nous devons innover car, en 2018, nous ne sommes pas parvenus à pourvoir 100 000 missions, faute de candidats », constate Christophe Catoir, le président de The Adecco Group France et pays nordiques (source : Challenges).
Quand les postes ne sont jamais pourvus, faute de candidats, c’est incontestablement un manque à gagner pour les agences de travail temporaire. Autre conséquence de cette pénurie de main d’œuvre, « les temps de recrutement de personnes intérimaires qualifiées se sont considérablement allongés depuis dix ans", explique Philippe Henry, directeur général de Menway dans le livre blanc Troops sur la phygitalisation. Et d’ajouter : « beaucoup de formations initiales n’existent plus sur des métiers encore demandés. »
La clé pour résoudre ce problème récurrent réside dans la formation des candidats volontaires pour pratiquer ces métiers en tension, mais pas seulement. Il semble aussi nécessaire de rendre ces emplois attractifs à long terme en proposant de nouveaux services.
Défi 2 : attirer les candidats en leur offrant plus de services
Par conséquent, l’enjeu pour les entreprises du travail temporaire est de proposer un modèle attractif pour les candidats : une meilleure protection sociale, des avantages salariaux liés à des horaires décalés ou des conditions de travail difficiles, plus d’accès à la formation, une certaine stabilité, des plans de carrière, etc.
Pour répondre à ces exigences, Adecco a trouvé la parade en créant le CDI intérim : un mix de flexibilité et de sécurité de l’emploi. Le groupe suisse de travail temporaire s’engage à recruter des intérimaires en CDI (Contrat à Durée Indéterminée) et leur trouve ensuite des missions de courte ou moyenne durée dans des entreprises clientes.
« La différenciation de demain sera avant tout ‘’servicielle’’ », projette Kaëlig Sadaune, directeur de Randstad Direct (source : Maddyness).
Proposer davantage de services à valeur ajoutée aux candidats, mais également aux entreprises clientes, constitue un deuxième défi à relever pour les petites et moyennes agences de travail temporaire.
Défi 3 : être disponible 7 j/7, 24 h/24
« Quelque 40 % des commandes des entreprises sont passées en-dehors des heures d’ouverture des agences physiques », explique Stéphane de Miollis, directeur digital d’Adecco.
Même constat chez Contact RH, un groupe de travail temporaire basé en région lyonnaise et à Lille. Les entreprises clientes du domaine de l’événementiel, par exemple, ont besoin de recruter tous les jours y compris le week-end, lorsque les agences physiques sont fermées. Les clients ont donc demandé à être autonomes pour passer les commandes et recruter. C’est ainsi qu’une plate-forme complète de services en ligne s’est avérée indispensable au fonctionnement du groupe pour répondre aux exigences de la clientèle.
Défi 4 : baisser les prix pour faire face aux nouveaux concurrents 100 % en ligne
Ces projets de digitalisation sont destinés à satisfaire les besoins des entreprises clientes des agences de travail temporaire, mais aussi à contrer la concurrence des nouveaux entrants 100 % online. Les pure players se sont développés à vitesse grand V depuis 2019. Ils ont un argument de taille, qui consiste à proposer des prix attractifs, inférieurs à ceux pratiqués par les acteurs historiques.
Selon une étude Xerfi, le marché du travail temporaire digital devrait peser d’ici 2023 entre 1,5 et 2,5 milliards d’euros, soit entre 4,5 % et 7,5 % du chiffre d’affaires global du secteur du travail temporaire.
Les groupes de travail temporaire de taille moyenne se trouvent pris en étau entre ces pure players très agiles et les mastodontes que constituent les trois leaders Adecco, Randstad et Manpower, qui captent à eux seuls 60 % du marché français de l'intérim. Ces derniers ont les moyens financiers de s’adapter à la nouvelle donne. Mais quid des groupes de travail temporaire de taille moyenne ?
Ces derniers n’auront pas d’autres choix à l’avenir que de s’aligner sur ces prix tirés vers le bas, s'ils veulent survivre. Ils vont donc devoir trouver des réserves de rentabilité et augmenter les volumes d’affaires pour faire baisser leurs prix. La transformation numérique des entreprises de travail temporaire de taille moyenne va devenir inévitable pour gagner en temps et augmenter la productivité des personnels.
Défi 5 : diminuer le temps passé aux tâches administratives
En effet, les activités purement administratives occupent beaucoup les salariés des agences de travail temporaire. En raison de systèmes d’information non unifiés, ils doivent souvent ressaisir des données plusieurs fois. Ils doivent gérer et contrôler les papiers d’identité, faire signer les contrats de travail manuellement, etc.
Des solutions de dématérialisation des processus administratifs permettent d’automatiser et unifier tout le process de recrutement et signature du contrat et ainsi de réduire le temps passé à ces activités chronophages sans valeur ajoutée. Les salariés d'entreprises de travail temporaire peuvent ainsi consacrer ce temps à des activités plus valorisantes comme la relation client ou les ressources humaines.
Défi 6 : accélérer la transformation numérique du secteur du travail temporaire
« La stratégie de Menway est de se concentrer sur la recherche de clients et de candidats. », confie Philippe Henry, directeur général de Menway, pour nous expliquer les raisons qui l’ont poussé à initier un projet global de digitalisation des processus administratifs avec la solution Troops.
Le déploiement d’une suite logicielle complète permet de gagner 30 % de temps en agence de travail temporaire, selon le livre blanc Troops sur la phygitalisation. Ce temps gagné peut ainsi être dédié à des activités à plus forte valeur ajoutée :
Rechercher de nouveaux clients
Proposer de nouveaux services aux clients afin de les fidéliser
Créer des services et des formations pour les candidats afin de réduire leur turn-over
Par ailleurs, les applications mobiles spécifiques au monde du travail temporaire permettent de répondre aux nouveaux besoins des jeunes candidats. Ils veulent en effet pouvoir répondre à des offres d’emploi, signer des contrats de travail, envoyer leurs pièces d’identité, demander un acompte, etc., et tout cela à distance, en mobilité sur leur smartphone.
Depuis une quinzaine d’années, la dématérialisation prend son essor, mais de manière fragmentée. Les sièges sociaux de grands groupes de travail temporaire imposent parfois à leurs agences des systèmes d’information non fluides et non agiles, au sein desquelles des tâches restent à effectuer manuellement.
La digitalisation du travail temporaire est à présent un passage obligé pour rester dans la course. Mais le secteur demande une expertise humaine très poussée. La généralisation des agences 100 % digitales n’est pas pour demain. On s’achemine plutôt vers le modèle hybride de la phygitalisation, c’est-à-dire vers un mix intelligent de relations humaines en agence physique et de services administratifs en ligne.